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Laurent



Un autoportrait n'est pas forcément une photo prise dans un rétroviseur de voiture...


La bêtise qui se veut intelligente le fatigue bien au-delà de tout ce qu’il pouvait imaginer. Sa froideur passe parfois pour de l’indifférence aux yeux  de ses amis. Il n’a pas d’états d’âme comme la plupart des humains respectables qui peuplent leurs jardins secrets de souvenirs détestables et de passions défuntes. Il est âme. Jusqu’au plus profond de ce corps qui l’habille, il aperçoit de temps à autres une petite flamme bleue qui vacille, fragile et invincible, dans le tourbillon insalubre des questions qu’il voudrait éviter de se poser.

 

Ses silences ne sont pas d’intenses méditations mais de vulgaires reflets d’un vagabondage loin des mots et de l’agitation du vain. Le présent, seul, revêt un intérêt à ses yeux et pourtant, régulièrement, il s’y soustrait. Il ne se situe pas dans le temps mais regarde sans arrêt sa montre, par superstition peut être, par naïveté sans doute. Son univers est exclusif sans exclusivité. Ses sentiments ne sont pas de ce monde mais l’ont fondé pourtant. Ses illusions ne sont pas des rêves mais des espoirs dont il n’était pas digne. Ses échecs ne sont que des expériences. Il multiplie les expériences.

 

Ses succès n’ont pas le goût subtil de la joie que lui procure la vue d’un oiseau. Ses plaisirs vrais sont si simples qu’ils déconcertent plus d’un commerçant. Son regard est aigu mais sa voix est grave. Il peut tuer d’un œil ou d’un mot. Il ne connaît ni pitié ni rancœur. Son amour est si grand qu’il ne peut lui trouver d’expression appropriée. Sa colère et sa haine étouffent son pardon. Il ne vit ni ne survit. Il passe. Son honnêteté morale lui interdit le bonheur tel qu’on le conçoit de nos jours. Il ne sera jamais heureux et il le sait. Il n’est pas là pour cela. Ce n’est pas sa vocation.

Son repos n’est pas pour maintenant. Ses combats  à mener sont si nombreux qu’il doit quelquefois faire des choix contestables, étaler ses cibles dans le temps par souci d’efficacité. Il est solitaire mais très entouré.

 

Sa lucidité est telle qu’elle le transperce, de temps à autre, de part en part et le laisse sur le flanc. Les imposteurs sont si nombreux qu’il lui faudrait une ère glaciaire pour  venir à bout de son quota personnel. Il ne baisse pourtant pas les bras mais il lui arrive de les laisser collés au corps comme pour récupérer des forces ancestrales. Les moulins à vent ne l’impressionnent guère. Il pourrait leur jeter des pierres durant des siècles. L’usure fera le reste. La lumière qui l’éclaire est en lui. Elle ouvre son chemin doucement, délicatement. Sa vie ressemble à celle d’un guerrier blessé mais son quotidien est parsemé d’intenses joies aussi fugaces qu’intenses. Au commencement était le verbe, à la fin sera le point sans virgule. Un point et puis c’est tout.

 

 
                                                                                                                                                                                                                        Laurent Potelle

 

 

Je l'aimais tant


« Je l'aimais tant

Que j'ai pris tout le poids qu'elle avait perdu en partant... »

Laurent Potelle


suite

 

 

Parle.

Dis quelque chose, n'importe quoi.

Mais ne reste pas là comme une absence en acier.

Choisis ne serait-ce qu'un mot,

qui te liera plus étroitement

à l'indéfini.

Dis :

"en vain",

"arbre",

"nu".

Dis :

"on verra",

"impondérable",

"poids".

Il y a tant de mots qui rêvent

d'une vie brève, sans liens, avec ta voix.

Parle.

Nous avons tant de mer devant nous.

Là où nous finissons

la mer commence.

Dis quelque chose.

Dis "vague", qui ne tient pas debout.

Dis "barque", qui coule

quand trop chargée d'intentions.

Dis "instant",

qui crie à l'aide car il se noie,

ne le sauve pas,

dis

"rien entendu".

Parle.

Les mots se détestent les uns les autres,

ils se font concurrence :

quand l'un d'eux t'enferme,

un autre te libère.

Tire un mot hors de la nuit

au hasard.

Une nuit entière au hasard.

Ne dis pas "entière",

dis "infime",

qui te laisse fuir.

Infime

sensation,

tristesse

entière

qui m'appartient.

Nuit entière.

Parle.

Dis "étoile", qui s'éteint.

Un mot ne réduit pas le silence.

Dis "pierre",

mot incassable.

Comme ça, simplement

pour mettre un titre

à cette balade en bord de mer.

 

Kiki Dimoula

 

Kiki
                                                        Dimoula : «
                                                        Parle »




« J'aime les grands brûlés, j'aime les grands acteurs avec un seul rôle, celui de leur vie à tenir à claquer à brandir :
J'aime certains hommes, ceux qui savent que la seule liberté que nous possédons, c'est de choisir ses barreaux. J'aime les poètes qui claudiquent sur les marelles
du mystère d'être, et qui chantent des mots  de moelle et de sang à travers tous les baillons du  monde. Je t'aime Philippe Léotard.  »

Claude Nougaro


Claude
                                                      Nougaro et
                                                      Philippe Léotard




 


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